Chapitre2: Blessure et traumatologie de guerre Le chevalier pris sur le champ de bataille pouvait être fait prisonnier et rendu en échange de rançon, bien que ce ne soit pas systématique (Crécy, Courtrai: tous les blessés ont été achevés).
L'homme de pied est méprisé par le chevalier qui peut le piétiner pendant la charge. Il n'a pas d'espoir de rançon et peu d'espoir de mansuétude de l'ennemi à son égard: ils sont souvent achevés en cas de défaite. Il n'y a pas de reconnaissance des vainqueurs pour leur piétaille; cela exacerbe la haine des piétons pendant la bataille, combattant férocement les chevaliers du camp adverse. Les piétons combattent donc le plus souvent à mort, jusqu'à s'acharner sur les cadavres de l'ennemi.
Après la bataille les vaincus légèrement blessés s'enfuient. Les grands blessés restent à terre, meurent des suites de leurs blessures, sont achevés par les coutilliers de l'armée adverse ou les pillards. Certains reçoivent des soins, mais ce sont surtout les chevaliers rançonnables.
Bien que la pluspart des batailles se réduisent à des escarmouches, les grandes batailles médiévales font des milliers de morts et de blessés (Visby, 12 000 morts, Towton 28000 morts...).
A/ Localisation et origines des blessures La nature de la blessure, son siège et les armes qui l'ont provoquée sont déterminants pour le diagnostic et les soins: un bras cassé ne se soigne pas de la même manière qu'un traumatisme crânien.
Les chiffres ci-dessous sont tirés des blessures relatées dans les chansons de geste, les chroniques et les traités médicaux ou de chirurgie. Sont écartées les blessures fantaisistes.
Les blessures des gens de pied sont peu mentionnées par les chroniqueurs: les polytraumatismes de chute (échelles, pierres), les brûlures (embrasement de machines de guerre, feux grégeois...), noyade (bataille près d'une rivière, en mer; peu d'hommes savent nager et l'armement lourd fait couler).
B/ Armes offensives à l'origine des blessures. La nature de la blessure, son siège et les armes qui l'ont provoquée sont déterminants pour le diagnostic et les soins: un bras cassé ne se soigne pas de la même manière qu'un traumatisme crânien.
Les chiffres ci-dessous sont tirés des blessures relatées dans les chansons de geste, les chroniques et les traités médicaux ou de chirurgie. Sont écartées les blessures fantaisistes.
Les blessures des gens de pied sont peu mentionnées par les chroniqueurs: les polytraumatismes de chute (échelles, pierres), les brûlures (embrasement de machines de guerre, feux grégeois...), noyade (bataille près d'une rivière, en mer; peu d'hommes savent nager et l'armement lourd fait couler).
B/ Armes offensives à l'origine des blessures Le casque résiste mieux aux coups de taille qu'à la perforation par les traits. Le visage est peu ou mal protégé jusqu'au XVème siècle.
La lance s'enfonce dans le thorax ou l'épaule après avoir perforé l'écu.
L'abdomen est la partie du corps la moins touchée: il est protégé jusqu'au nombril par la selle et la tête du cheval pour les cavaliers; cette partie du corps est très vulnérable pour le fantassin qui la protège avec son bouclier.
Les membres sont peu ou pas protégés dans le cas des fantassins et ce sont les premières parties du corps touchées lors d'un combat rapproché. Les membres des cavaliers sont touchés par les perforants des fantassins et par une mauvaise visée des chevaliers adverses.
La chute de cheval, extrêmement fréquente, peut entraîner des blessures aux membres, des lésions abdominales, des fractures de la colonne et des traumatismes crâniens.
C/ Descriptions anatomo-cliniques Plaies du cuir chevelu: elles sont dangereuses parce qu'hémoragiques; risque d'infection si elles sont mal soignées.
Plaies et traumatismes crâniens: cas signalés de perte de connaissance post-traumatique, d'hématomes extra-dural post traumatique, de plaies crânio-cérébrales (plaies dues aux armes se fichant dans le crâne). Les chroniqueurs font peu de cas des conséquences neurologiques après une exceptionnelle guérison.
Plaies du visage: très fréquentes à cause de la mauvaise protection du casque. Elles sont souvent mortelles par infection ou hémorragie. Cas de nez, joues, mentons coupés, de bouches transpercées par les lances.
Plaies du cou: Mortelles si la jugulaire ou la moelle épinière sont touchées, sinon les plaies et perforations de la trachée sont fréquentes et guérissables.
Plaies de la poitrine: les chirurgies les considèrent comme « inévitablement mortelles ». les plaies sont situées dans le dos, au coeur, diaphragme et poumon.
Plaies de l'abdomen: Elles sont rares pour les chevaliers, fréquentes pour les fantassins. Les blessures superficielles sont guérissables, les blessures profondes entraînent une mort lente et douloureuse (parfois après plusieurs semaines).
Blessures des membres supérieurs: très fréquentes, parfois mortelles si une artère est sectionnée. Nombreux cas de plaies aux tendons, d'amputation (souvent mortelles car très hémorragiques).
Blessures des membres inférieurs: nombreuses; les hanches et les cuisses sont les plus touchées.
Brûlures: fréquentes lors de sièges de villes et de châteaux. Elles peuvent tuer par choc traumatique ou infection des plaies.
D/ blessures de guerre et paléopathologie médiévale Les conclusions sont tirée d'une étude sur différents charniers de batailles comprises entre le VIème siècle jusqu'à la fin du XVème siècle.
Les charniers mérovingiens montrent l'absence de casques métalliques. Sur les squelettes déjà blessés avant la bataille, il n'y a aucune survie après une blessure par arme perforante mais 40% des blessés par arme tranchante ont survécu, avec toutefois de lourdes séquelles parfois mortelles.
Cimetières francs de Terre sainte: présence de flèches dans les parties molles; plusieurs fractures ante mortem d'origine civile guéries, amputations mortelles, polytraumatismes de chute.
Charnier de Visby (mi XIVème siècle): pour les blessures des membres inférieurs, 80% des squelettes touchés sont ceux de piétons. Le plus grand nombre des blessés semble avoir été achevés au coutelas après la bataille car de nombreuses plaies étaient guérissables.
Bataille d'Aljubarrota (Espagne, 1385): présence de blessures ante-mortem parfois purulentes. Les Espagnols ne bénéficient pas de soins; l'enseignement de la médecine est embryonnaire en Espagne et seuls les membres d'ordres militaro-religieux ont des chirurgiens et des médecins dans leurs rangs. Traces d'attaques par derrière; un squelette présentant des traces d'amputation réussie bien avant la bataille est présent dans ce charnier; supposément il devait être un valet ou un suivant de l'armée.
Charnier de Towton (fin XVème siècle): présence sur les squelettes de blessures ante-mortelles cicatrisées, surtout au niveau du crâne. Les combattants avaient donc bénéficié de soins avant de reprendre le combat. Acharnement sur les morts (présence de blessures post-mortem); les blessures par arme de trait sont rares car le temps était neigeux au moment de la bataille.
Recherche sur crânes de diverses époques (région du Nord): marques de guérison sur certains crânes; présence de crânes soit piétinés par les chevaux, soit ayant des marques d'acharnement post mortem. 57% des crânes du XVème siècle portant des lésions ont guéri après intervention, 41% de ces lésions sont cause de mort immédiate sur le champ de bataille. Grâce aux armures et à la présence d'intervention médicale, le taux de mortalité s'est inversé entre le Haut et le Bas Moyen-Age.
E/ Symptômes des blessures Les auteurs de traités chirurgicaux ont tendance à se copier les uns les autres. Selon l'auteur, la descrition des symptômes est plus ou moins claire.
Les descriptions de cas chirurgicaux démontre que les chirurgiens ont une bonne connaissance de l'anatomie: description de l'hémyplégie avec ses causes, relation entre la maladie du tétanos et de l'activité guerrière (le tétanos touche de nombreux soldats).
La reconnaissance des symptômes est capitale:
_ Pour donner les soins appropriés au malade
_ Pour justifier l'opérateur de sa compétence face à la famille du malade ou à ses alliés, qui peuvent s'en prendre à lui en cas de mort.
_ Par démarche scientifique, pour se démarquer des charlatans et des barbiers.